Quand on se souhaite la santé, c’est moins de « bonne forme » dont il est question que de capacité à démontrer qu’on peut toujours dénoncer le contrat conclu au Sinaï, ou au contraire le valider. L’amplitude du « possible » peut encore conduire au bien ou au mal. Et cette potentialité n’est atteinte que par la santé. Malade, je reste dépendant de plusieurs facteurs, conditions de vie, remèdes, médicaments, etc… En bonne santé, je suis dégagé de ces obligations qui (du moins le croit-on !) restreignant mon implication me donnent le sentiment, la certitude d’être libre.
Lutter contre ce qui s’oppose à moi, c’est démontrer la primauté du « faire ». Mais pas « n’importe quoi ! » Faire c’est d’abord, pouvoir faire, savoir faire. Or la maladie atteint l’homme, précisément dans le pouvoir de faire. Elle ne lui apprend pas (ou plus) Être malade, dans cette approche, n’est pas une initiation, un avertissement. L’ange qui frappe, ne joue pas mais l’homme qui est face à lui, n’a perdu la partie que s’il a laissé s’infiltrer les croyances idolâtres de la sanction, de la punition. S’il s’interroge sur les manquements qui ont entraîné la sanction, il quitte la dimension juive. Parce que celle-ci, au premier coup reçu essaiera d’abord de comprendre pourquoi le recours à la maladie a été nécessaire !
Parmi toutes les pathologies, seule deux ou trois ne guérissent pas. Et la question posée au dessus prend une signification qui a des allures de mise en accusation. Si on ne peut guérir du mal qui frappe, celui-ci semble directement lié à la finitude, puisque le malade sait que la fin serait la seule issue. J’ai appris que ces maladies dites auto-dégénératives ne sortent pas du contexte de l’épreuve, dont le malade devra aller au bout du questionnement. Parfois une maladie bien que grave suffit à éclairer. Là, le souffrant doit savoir qu’il en mourra.
Et la question prend toute sa place. La certitude de la mort frappe en général celui qui s’en était éloigné, parce qu’invaincu car invincible, sa seule vie était souvent offense. L’épreuve peut parvenir à sa fin, si le patient (c’est le cas de le dire) a pu comprendre que l’assassin qui sait qu’il tue peut se rattraper. Mais si l’élimination de l’autre était initiée par l’indifférence, seule la certitude de la mort empêchera celle-ci de frapper.
Qu’il y ait une solution, en dépit de la gravité des attendus ayant conduit l’homme à éliminer dans la cohérence de la guerre, confirme la nécessité de la pertinence dans l’auto-questionnement qui imposera la volonté de toucher l’être jusque dans ses racines, seul biais lui permettant de savoir d’abord qu’il devra rendre compte du pouvoir exceptionnel reçu et de l’usage décevant qui a fait le lit de la maladie.