La référence à l’humour révèle souvent une des orientations du penseur qui seraient estimées marginales, voire hérétiques si l’homme d’esprit, en l’occurrence Emmanuel Lévinas n’avait privilégié le recours à l’humour pour renforcer certaines thèses . Loin de se révéler schismatique ce recours reste d’une part en adéquation avec les « données immédiates » de l’édifice Lévinas mais le dépassent pour atteindre cet universel humain, objectif stratégique qui, tacitement admis, permet au philosophe ces témoignages d’attachement qui parcourent son oeuvre d’une éternelle lumière.
Invité d’une illustre famille, le philosophe fut l’objet d’une prière prévisible de la maîtresse de maison:
« Voulez vous une tasse de thé? »
Réponse immédiate d’Emmanuel Lévinas: « Bien sûr, un Juif ne saurait être athée (a: préfixe privatif) (a) thé !(sans thé)
Et Lévinas , (mais on le savait) attestant de la maîtrise du dérisoire quand il est au service de la pensée, n’hésita pas à répondre à la maîtresse de maison venue s’enquérir si le Maître trouverait plaisir à une autre tasse de thé:
« Non, merci, je suis monothéiste! »
(Entretiens avec le Rav Simsovic)