L’histoire du peuple Juif est inséparable de l’aveu des forces qui en constituent l’ossature. Aussi, prendra t-on garde à ne pas espérer que l’aveu d’une vertu juive s’accompagnât de toutes les conséquences qu’on serait en droit d’escompter dans une situation où la comparaison entraînerait d’inévitables effets.
On n’a pas suffisamment réfléchi aux incidences exceptionnelles par lesquels le Judaïsme proclame qu’il « n’est pas nécessaire d’adopter la loi de Moïse pour se prémunir de toute erreur d’orientation » Véritable intrusion insurrectionnelle dans le corpus d’une pensée que Jean Grenier, le maître en philosophie d’ALBERT CAMUS stigmatisa sous la désignation de « l’esprit d’orthodoxie » CETTE MALADIE DE LESPRIT A LAQUELLE LES jUIFS SURENT ECHAPPER!
C’est ainsi qu’on se surprend à imaginer, voire à comprendre enfin, l’éternelle stupéfaction par laquelle les Juifs n’opposèrent pas à la « conversion forcée » un prosélytisme de même nature. Il me semble qu’il y a là aveu d’inadéquation, mais surtout, reconnaissance d’une consécration affirmée même par l’absence de questionnement à ce sujet.
Pas un livre de théologie, pas un seul discours des Pères de l’Eglise ne renvoie à ce point doctrinal que les Juifs ne peuvent exiger de similitude rituelle des non-Juifs, sans trahir leur vision du monde et de la vérité. UN REGARD ATTENTIF EUT DEMONTRE QUE LE REFUS DE L’EXCLUSIVE REFERENCE JUDAIQUE place les fils de Jacob dans une relation psychologique singulière avec toute autre civilisation, où n’attendant rien des autres, tout était espéré d’eux !
On comprend que le reconnaître, c’est le « consacrer ». C’est surtout mettre l’accent sur une confrontation où l’aveu de la suprématie ne cache pas la reconnaissance d’un essentiel déficit !