L’Intuition n’a rien à voir avec l’intrusion dans le champ de la conscience d’une révélation brusque et inopinée selon un processus le plus souvent irrationnel. L’intuition serait plutôt une des formes les plus subtiles du raisonnement et impliquerait pour se manifester l’acuité d’un regard doublée d’une capacité à déduire sans délai.
Distribuée à certains privilégiés en fonction de critères indéterminés et inconnus à ce jour, l’intuition est surtout la capacité à voir plutôt qu’ à pré voir. L’intuitif serait « l’œil du maître » Il voit plus et mieux que les autres. De plus, sa vision est globale, synthétique. Comme il voit bien et loin, il sait pré voir ce qui est engendré Mais le pouvoir de l’intuition ne s’arrête pas là.
Capable par l’acuité de saisir une personnalité dans toutes ses composantes, l’intuitif sera capable d’appréhender les faiblesses corporelles et pourra « deviner » les éventuelles pathologies.
Nous sommes dans la démonstration d’une technique rationnelle qui n’a rien à voir avec le supranormal.
L’intuition se distingue de l’idée par sa connotation éventuelle à la prémonition. Elle est plus que la connaissance. L’idée jaillit de rien, l’intuition provient d’une mise en relation avec le monde mystérieux des acquis et de l’inné dont de fortes présomptions laissent envisager qu’elle est requise au premier chef dans la désignation qui n’est rien d’autre qu’une forme supérieure d’analyse et de déductions.
Les grands mystiques souvent habités par le « regard enveloppant » de l’intuition, ont souvent estimé leur vocation par des termes liés à la vision. Piégés par la doctrine et ne prenant pas de recul, ils adoptèrent l’explication que leur délivrait les tenants de l’obscurantisme et nous vîmes une véritable hémorragie de « visionnaires » « qui confondirent », pour reprendre le mot de Michelet parlant de Jeanne d’Arc, « la voix de leur cœur avec la voix du ciel. »