Il est surréaliste de vouloir renforcer caractère juif de l’Etat Hébraïque sans mesurer l’engagement personnel que cette revendication implique. En d’autres termes, militer pour un Etat à la connotation essentiellement hébraïque oblige à recueillir la culture juive dans ses composantes essentielles. Or, la Révélation est une donnée irréductible faisant partie de ces « composantes essentielles ».
Dans ces conditions, en faisant voter la loi sur l’Etat Nation, les dirigeants de l’Etat acceptent d’engager les générations montantes sur la voie de l’authenticité hébraïque sans pour autant reconnaître la validité du renforcement juif sur leur propre condition.
Comme si cette loi présente une hypothèque qu’il faut sauvegarder dans l’attente de la survenue de conditions qui en permettront l’application.
L’histoire juive, la civilisation hébraïque s’inspirent pour l’essentiel des données révélées et il n’est pas possible de définir Israël sans faire référence à la Bible ou au Talmud. Les éléments fondateurs de l’identité juive relèvent de l’acceptation implicite de la manifestation de la transcendance.
Dans cette perspective l’athéisme devient illégal,même si dans le cheminement habituel d’une vie il est envisageable que les éléments révélés fassent l’objet d’une confirmation par un approfondissement de ses données normatives.
La conscience juive qui ignorerait l’impact des influences étrangères ce qui fut le cas jusqu’à la disparition de la prophétie, ignore les questions sur l’existence ou la non existence de D.ieu. Il y a des questions qui ne bénéficient pas de la validation qu’octroierait le » droit de cité, » parce qu’en les formulant on se retire du seul cadre qui en permet la légitimation: la discussion talmudique. La culture juive permet les questions sur l’existence de D.eu mais dans un certain cadre. Job, par exemple, va très loin dans la révolte et son humanisme penche du côté de l’homme. Contester l’omnipotence dans le cadre exclusif du débat historique permet d’aller plus loin que tenter d’argumenter à la manière des philosophes.
Bref, tenter de renforcer le caractère juif de l’Etat d’Israël oblige, entre autres à trouver les conditions d’un dialogue où à la contradiction apparente se substituerait la volonté d’en découdre avec les authentiques préjudices de la pensée étrangère.
« Il est possible de vivre AVEC DIEU, CONTRE DIEU, MAIS JAMAIS SANS DIEU ! »
ELIE WIESEL.