Par Arnold Lagémi
Faire référence aujourd’hui à la « gauche historique » pour appuyer les prétentions nationales palestiniennes, relève de l’abus de langage caractérisé. Parce qu’en procédant de la sorte, on y entraîne, un cortège de fatalités qui n’ont jamais eu cours en dehors de l’imaginaire socialiste. C’est dans cet esprit de conformité illusoire, qu’hommes et femmes de gauche en Israël, soutiennent l’émancipation palestinienne, persuadés qu’elle est indéfectiblement liée au patrimoine transmis par les Pères Fondateurs. Ainsi se trouve déformée une part essentielle de l’idéal sioniste et des idéaux de la gauche, faussement confondus à des combats prétendument émancipateurs pour les autres peuples. Le socialisme pour des pays neufs reste nécessairement individualiste, par nécessité vitale d’abord!
Or, la gauche en général et Européenne en particulier, à l’exception de l’extrême gauche, (quoique ce ne fût pas toujours vrai) a soutenu les guerres coloniales. Si les prétentions des socialistes Israéliens étaient fondées, on retrouverait, selon le principe de la continuité, une opposition de principe aux campagnes conquérantes. Avec, toutefois, une différence de poids : les Européens colonisaient des terres étrangères et les Israéliens faisaient fructifier « leur pays ». Mon propos n’est pas de juger mais de démontrer que le socialisme, confondu avec la volonté émancipatrice pour d’autres que soi même, est une erreur de jugement. A la Conférence de Brazzaville en 1944, de Gaulle condamna, « toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire ». Le socialisme est une révolution interne à dimension sociale. Pas autre chose !
La gauche, Française, Européenne ou Israélienne, n’a pas, pour, objectif premier, pour vocation, la cause palestinienne ou la supposée émancipation des peuples. Certes, il y eut Jean Jaurès et ses discours enflammés sur la « libération des peuples conquis et humiliés » mais l’ambition première de la gauche, c’est « la Révolution nationale ».
Or, tant en Europe, qu’en Israël, il n’y a plus de révolution en perspective. Le dernier grand bouleversement eut lieu, en France, en 1936 avec le Front Populaire. Il faut trouver des raisons de survie à la gauche! Et, l’enthousiasme réformateur s’étant assagi, apparaissent des objectifs substitutifs qui font croire qu’ils expriment et poursuivent des idéaux de la gauche traditionnelle.
En Israël, la gauche a édifié le pays, établi ses structures, déterminé son administration. C’était là son idéal fondateur. Qu’en est-il aujourd’hui ? La gauche s’est affaiblie, parce qu’elle n’a pas su s’adapter. Elle sait que c’est l’argent et les forces économiques qui ont pris le pas sur les idées politiques. L’idéal politique de la jeunesse, c’est d’abord la capacité et le discernement à s’inscrire dans les courants porteurs d’enrichissement individuel et collectif et les projets d’édification de « sociétés justes » ont abandonné la place avec la même lassitude manifestée à l’égard de…l’attente messianique.
L’idéal des pionniers, tous de gauche, était de bâtir. Constatant aujourd’hui, la vacuité de l’idéal des pères, les fils tentent de poursuivre une lutte qu’ils estiment converger avec les espoirs historiques des générations passées. Et, ils commettent là, une erreur fatale d’appréciation. Aider la Nation Palestinienne, ce n’est pas poursuivre l’idéal de Ben Gourion. C’est le contraire!
Les « gauchistes » Israéliens en soutenant les Palestiniens, non seulement s’éloignent du combat de leurs Pères mais contribuent à sa dissolution, à sa dislocation. Les guerres de 1948, 1967, à l’exception de 1973 qui fut une guerre défensive, furent des guerres de conquête du territoire national, entreprises par des hommes dont l’idéal de gauche convergeait d’abord avec l’idéal de survie. Leur conception du socialisme allait à la rencontre du maintien de la souveraineté juive et ne s’en éloignait pas.
Aujourd’hui, qualifier de d’hommes de gauche, celles et ceux qui veulent brader le pays, c’est faire insulte à la Gauche constructrice et édificatrice du pays. C’est s’approprier le combat des pères pour servir des idéaux partisans, aussi éloignés de la gauche pionnière, que pourrait l’être la droite israélienne des droites d’ailleurs, révisionnistes ou néo fascistes !!! La gauche authentique est d’abord nationale. L’oublier, c’est falsifier l’histoire!
Assurément, la gauche, parle le langage de la gauche, ressemble à la gauche, mime la gauche. Mais ce n’est qu’un masque!