Depuis des décennies on assiste en Europe à un processus de dégradation proche de la dégénérescence. Les deux grands leaders, l’Angleterre et la France ont cédé devant la pression de leurs démons familiers, l’Angleterre avec l’Atlantisme et la France avec l’auto dénigrement. Nous laisserons l’Angleterre pour une étude ultérieure et nous nous attarderons sur les causes et les conséquences de la déliquescence de la « grandeur française. »
La grandeur d’une nation, c’est ce qu’elle signifie pour elle-même et les autres. Or, depuis l’époque où le français était la langue diplomatique mondiale, elle en a descendu des marches, la France, pour n’être plus aujourd’hui qu’une nation bien plus nostalgique de son glorieux passé, qu’un peuple fier de ce qu’il entreprend et réussit. Les moyens dont on dispose pour comprendre ce phénomène d’auto destruction invitent d’abord à examiner la façon dont la jeunesse est formée et, autour de quels principes, valeurs et vertus, le processus éducatif s’opère.
Les îlots de résistance mis à part, c’est-à-dire, les grandes écoles civiles et militaires qui, à bien des égards ressemblent à des camps retranchés, la formation et l’éducation des jeunes se limitent à dispenser des connaissances tout en abandonnant la spécificité que représente l’éducation (educere en latin, faire sortir.) ou le civisme, c’est-à-dire la prise en considération, des grandes orientations de la civilisation, indépendamment des disciplines purement didactiques. La France « n’ose plus pour vaincre. » Pourquoi ?
Parce qu’une certaine gauche a dispensé, répandu le fatal poison qui, martelé à chaque occasion, finit par persuader qu’il n’y a pas que l’argent qui fonde les différences, mais qu’une culture assise sur l’excellence, l’altruisme, et la fierté, contribue à faire apparaître un esprit discriminatoire par l’émergence d’une aristocratie qui, à leurs yeux n’a rien à voir avec les grandes luttes émancipatrices. La séduction de la médiocrité commençait son œuvre destructrice !
Rappelons-nous le caractère saugrenu de certaines questions relatives à l’hymne national, dont on se demandait s’il fallait, de nouveau, l’apprendre dans les écoles. Cette auto suspicion qui repose sur l’erreur consommée que la grandeur pouvant déboucher sur l’arbitraire, finit par rendre préférable d’être proche des masses par la similitude plutôt que par l’exemple. Ces ennemis de la grandeur française n’ont pas compris que les peuples ont besoin de voir leurs chefs vivre sur l’Olympe plutôt que dans les « résidences » de Mr « tout le monde »
Puis, toujours sous l’influence d’une certaine gauche, il devenait insupportable de prétendre que la France seule avait apporté la liberté au monde et indispensable de préciser que cet objectif fut atteint par l’implication des mouvements ouvriers. Même l’Eglise tomba dans le piège et la démagogie l’amena à innover par la création des « prêtres ouvriers ». La spécificité de la grandeur française, paraissant incompatible avec le nivellement gauchiste, les professeurs d’histoire amorcèrent un véritable sabordage de l’exemple français en introduisant la critique systématique de la culture. Celui qui reçut les coups les plus injustes fut Napoléon 1er dont on oublia les œuvres : le Code Civil, la réorganisation administrative du pays, la création des Grandes Ecoles, la Banque de France, la réforme de l’urbanisme etc…pour ne retenir que… les guerres et leur cortège de souffrances.
On oublia que la jeunesse a besoin d’exemples plus que de bilans. L’esprit critique ainsi développé céda la place au doute, voie royale de l’anéantissement de l’âme d’un pays. La seule possibilité d’éloigner tous les autres dangers consécutifs à l’aveu de la faiblesse et de la médiocrité est de retrouver le caractère de la spécificité française. Sinon, outre les périls évoqués plus haut, la volonté perverse d’effacer l’originalité française, risque de conduire les tenants de l’égalitarisme à trouver des circonstances atténuantes à cette autre France, celle qui combattit Dreyfus, soutint Laval et Pétain pour aboutir dans l’inéluctable ressentiment anti-sioniste !
Oui ! L’âme de la France est en exil. Seul, son retour sera capable de chasser les démons qui, profitant de sa vacance ont trop vite accordé à cet exil un caractère prématurément définitif.
[…] source : arnoldlagemi […]