Flux pour
Articles
Commentaires

                                                              L’interprétation  de mon article « l’Avantage du Judaïsme sur toutes les autres confessions »  dans le sens d’une hiérarchisation des diverses révélations,  n’est conforme ni à la lettre ni à l’esprit de ce texte. Cette approche, en effet,  est très éloignée   de  ma démarche,  dont l’objectif,  précisément,  est de confirmer que le Judaïsme, ignorant le prosélytisme, donne l’exemple « qu’être heureux ou sauvé » est possible sans conversion. Le Judaïsme s’inscrit donc dans une civilisation   où le Salut,  est promis à toutes les  formes  de croyance,   à condition,  qu’elles intègrent une dimension   sacrale dans la définition de la vie. 

 Considérer qu’il n’est pas nécessaire d’être Juif pour « être sauvé » est un privilège de générosité et d’ouverture dont seul (ou quasiment) le Judaïsme a été gratifié.

 La même réalité  n’est effective dans l’Eglise que depuis Vatican II. Il faudra attendre, toutefois,  pour  vérifier la place que prendra cette nouvelle approche théologique. La vision juive a, par contre,   été constante, en ce domaine,  du moins depuis deux millénaires.

Pendant  deux mille ans, lorsqu’un Chrétien échangeait avec  un Juif, il espérait la conversion de ce Juif. Cette disposition   plaçait la croyance du Juif comme objet de mépris, puisque la « synagogue est aveugle. » Elle indique aussi l’importance des « effectifs », du nombre et de la puissance. Elle    place le prosélyte en situation de demandeur.  Alors que le respect du Juif pour le Chrétien (ou de  quelque autre fidèle ou disciple , de quelque philosophie ou religion que ce soit)et la certitude que sa croyance peut lui apporter la « vie éternelle s’il est croyant ou le « bonheur » s’il ne l’est pas,  sont des assurances confirmées. Vue par la lorgnette juive,  la foi chrétienne est   porteuse du salut, sans conversion au Judaïsme.

Donc, estimée à partir de la tradition religieuse juive,   la  conception    de l’homme et de sa foi qui ne nécessitent pas la conversion,  pour bénéficier du « salut »  procurent une certaine fierté de relever d’un système  accordant à la vérité une dimension empreinte d’une pluralité  aigue,  ignorée des autres traditions ayant opté pour  « l’orthodoxie ».En ce sens,  il y a avantage et privilège à appartenir à une civilisation qui ne se définit pas, seule détentrice de la vérité  et accorde à toute dimension religieuse, ou non religieuse,  les mêmes prérogatives sans hiérarchisation ou classement des voies menant vers le même salut.  La fierté, l’avantage et le privilège d’être Juif pour les raisons désignées ci-dessus dépassent le cadre de la hauteur, du respect de la croyance de l’autre, pour atteindre un domaine qu’un tel idéal a fécondé avec panache : l’humanisme politique.

En effet, la conviction juive que le judaïsme n’est pas le seul à pouvoir mener au salut, aura nécessairement son corollaire dans divers domaines. Le Talmud est un recueil d’avis opposés, pourtant l’unité de vue n’est pas mise de côté. Même la société non religieuse sera influencée par cette idée force de la conscience juive.

La certitude que la justice n’a pas de drapeau, que la définition du salut est plurielle, feront germer chez les réformateurs politiques l’idée que le monolithisme politique est tout aussi préjudiciable que l’exclusivisme religieux. Naîtra ainsi la société libérale qui inspirera l’esprit de  1789, lequel  donnera à la   liberté de penser une définition plurielle  proche de la vérité, telle qu’entendue par les Juifs.

 

Sans l’exemple juif, il n’est pas assuré que la culture occidentale pût concevoir le libéralisme pluriel.  Montesquieu dans sa  Très humble remontrance aux Inquisiteurs d’Espagne et de Portugal écrite en 1748,  mettra en relief une faille dans la conception exclusive de la vérité, qui était de règle à l’époque où fut écrit « l’Esprit des Lois » d’où est extraite la « très humble remontrance » : «   Vous faites passer par le fer et par le feu ceux qui sont dans cette erreur si pardonnable, de croire que Dieu aime encore ce qu’il a aimé. »

 

Montesquieu, par ce texte, annonçait l’effacement « de la pensée unique » et  préparait le terrain à la familiarisation avec la vérité plurielle. Le décloisonnement culturel, origine de toutes les libertés a sa source dans l’ouverture d’esprit qui accorde ses bénéfices sans la contrainte de la conversion.

 

Cette vérité à vocation  plurielle,  libérale et humaniste, reste l’apanage d’Israël. Celui-ci  a  toutes les  raisons d’en être fier, car la reconnaissance de la différence,  sans que cela n’entame l’aptitude au  salut ou au bonheur, selon l’implication (ou non) de la transcendance, reste une des marques « de la noblesse d’être homme ! »

NB/ Si le pluriel de Haïm est évident, la multiplicité de la vérité apparaîtra dans la façon avec laquelle le mot est écrit. Vérité se dit émète. Le mot est constitué de trois lettres aleph, mèm, tav. Aleph est la première lettre de l’alphabet, Tav, la dernière. La définition de la vérité implique donc une multiplicité de directions contenues dans un mot potentiellement construit avec toutes les lettres de l’alphabet.

 

Laisser un commentaire