Il y a des amitiés sincères pour Israël qu’il importe toutefois de resituer dans leur contexte afin de prendre la mesure de tous les paramètres qui l’environnent et, qui parfois induisent des données contradictoires.
L’amitié d’Albert Camus pour l’Etat Juif, me paraît relever, par certains aspects, d’une antinomie. Aussi, à quelques jours de l’anniversaire de la mort de celui qui fut le champion de toutes les libertés et le lutteur infatigable qui voulut et sut redonner l’image de l’homme à ceux qui l’avaient perdue dans la servitude, je voudrais rappeler que ce pied noir, Prix Nobel de littérature, farouche défenseur du nationalisme algérien, et homme de gauche, fut aussi un intraitable avocat de …l’Etat d’Israël. Mais….
Dans une de ses interventions (lien ci après sur you tube) Albert Camus fait un diagnostic étonnamment convaincant en évoquant l’anti colonialisme, au nom duquel certains voulurent déjà anéantir le jeune Etat .Cet anti colonialisme plus commodément appelé antisionisme fera les ravages que l’on sait.
Je reviens au « mais ». Car le sionisme d’Albert Camus est entaché d’une certaine suspicion dans la mesure où l’auteur de « La Peste » dit, à propos des survivants de la Shoah, qu’il trouve « juste et bon que leurs fils créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner. »
Evoquer le « don » de la terre d’Israël à ses fils, sous-tend que le sionisme s’admet, non sous le motif du droit mais du don. Il va sans dire que, vu sous cet angle l’octroi de la terre étant bien plus une aumône que la manifestation légitime de la restitution d’un territoire ravi depuis l’époque romaine, les nations y exercent implicitement un droit de contrôle. Défendre la thèse du don, c’est nier celle du droit ! Et un peuple qui occupe une terre sans droit équivaut à soutenir qu’il l’utilise, qu’il en bénéficie, sans titre !
Aussi l’amitié réelle d’Albert Camus manifestée à la reconstruction de l’Etat d’Israël est-elle soumise à la condition suspensive qu’implique la jouissance d’un bien provenant de la charité des Nations. Cette thèse est inexacte et donc inacceptable. Cette déclaration d’Albert Camus s’implique dans la conception générale du paternalisme occidental à l’égard du Renouveau d’Israël. Ces propos remontent à plusieurs années avant la Guerre des Six Jours.
Dans ces conditions, rien ne permet de garantir qu’après la guerre de 67 où Israël entendait démontrer qu’il était devenu un Etat libre et indépendant, qu’Albert Camus aurait privilégié le droit des Juifs, propriétaires de la terre, qu’Albert Camus n’aurait pas partagé le point de vue généralement en cours, à savoir, qu’un peuple à qui on « donne » sa terre est un peuple qui a des devoirs, dont le premier est l’aveu d’une indépendance limitée.
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Donner ne signifie pas seulement faire l’aumône. Monsieur Claude Lanzmann a défendu lutte algérienne pour son indépendance, mais il n’a pas vraiment été payé de retour! Peut-on pour autant l’accuser d’être antisioniste?
Lanzmann est…Juif. C’est la réponse à votre question.
Bien cordial Chalom