Si j’insiste sur le verbe « devoir », c’est que ce terme s’accommode rarement de son rival « pouvoir » et visiter Israël est une obligation pour tout occidental. Ne pas l’envisager et le réaliser, c’est rejeter la part essentielle sur laquelle se fonde non seulement la culture et la civilisation, mais c’est s’écarter d’un lieu où, comme dirait Maurice Barrès « souffle l’esprit ». Certes, me dira t-on, il y a la Bible qui contient cet esprit. Mais celui dont je parle, n’a rien à voir avec la pensée, la réflexion ou l’intelligence. L’esprit d’Israël, c’est d’abord l’air qu’on y respire et qui souvent inspire, ou, tout du moins a inspiré ! Il est de bon temps de soutenir que l’Occident repose sur Rome, Athènes et Jérusalem.
Mais Rome et Athènes ont vécu. Et si l’on veut comprendre pourquoi tant de choses sont parties de Jérusalem, il faut d’abord y aller, voir, sentir et respirer. J’entends par respirer, cet air qu’on inspire et qui laisse une trace, un arrière-goût d’un exotisme ressenti nulle part ailleurs. Ce n’est pas sans raison, que les premiers artistes Chrétiens qui ont voulu exprimer la proximité de l’ineffable ont immédiatement senti que seule la lumière avait ce pouvoir de transmission et le vitrail est né ! Qui n’a jamais vu du Mont des Oliviers, le soleil se coucher sur les murailles de Jérusalem ne pourra jamais entrevoir pourquoi toute spiritualité est essentiellement liée à la lumière. Tous les grands mystiques décrivent l’extase illuminatrice comme étape initiatique à la découverte du divin Presque d’une minute à l’autre les pierres passent d’une couleur à l’autre et, sans connotation religieuse d’aucune sorte, le visiteur se surprend à passer d’un état d’âme à un autre.
Nous savons aujourd’hui l’impact des couleurs sur le comportement. Les couleurs vives et celles qui le sont moins ou plus, influent sur la façon d’être et de voir. De la même manière que depuis l’Antiquité, la région de la Mer Morte est connue pour ses propriétés curatives notamment en dermatologie et en neurologie, l’air de Jérusalem et sa lumière ont inspiré les plus grands d’Israël. Pourquoi ? Je l’ignore, mais c’est un fait. Ki mitsion tétsé Thora ou dvar Hachem mirouchalaym. C’est de Sion que vient la Loi mais la parole de D.ieu vient de Jérusalem. Et, les paroles divines sont lourdement chargées d’une symbolique lumineuse. La Tradition juive insiste sur la lutte à engager pour que l’homme parvienne à l’unité de son être. Or l’homme est un tout qui ne saurait négliger le support matériel sur lequel ses pieds reposent. La spiritualité d’Occident n’est pas née sur les bords du Styx ou dans les vallées romaines. Elle est apparue à Jérusalem que tout le monde veut posséder comme si l’on savait que celui qui est maître la ville est propriétaire non seulement des murs mais du vent qui caresses ses pierres. L’air de Jérusalem n’est chimiquement guère différent des autres.
Mais en le respirant, on sait, même et surtout quand on ne dit rien que cet air a été respiré par Les personnages de la Bible, par David qui y composa les psaumes, par Salomon qui y construisit le Temple. Et le poids de cette ville loin de nous étouffer nous enveloppe et nous rapproche de tout ce qui a donné un sens à l’histoire.
Bonsoir, shalom Arnold; merci pour cet article dont je prend connaissance et avec lequel je suis plus que d’accord, a travers des syndicats et d’autres associations très lucratives sans aucun but les gens réclament des » droits » mais ont ils conscience de leurs devoirs? Permettez moi d’avoir des doutes, étudiant » la voie du sabre japonais » j’ai simplement pris conscience en pratiquant de ne plus avoir aucun droit mais simplement beaucoup de devoirs dont celui de venir de mon vivant voire Israël avec mes yeux, toucher avec mes sens tactiles, gouter la cuisine d’Israël mais surtout sentir là plus qu’ailleurs le souffle divin le plus intense qui soit, le devoir de tout être occidental que vous exposez est un « rêve » comme un jardin secret que vous arrosez avec vos écritures qui vit et grandit en moi, « un jardin ne doit pas être une jungle » là se trouve la plus grande de mes difficultés; encore une fois merci pour ces écris et bénie soit votre action. Mes salutations les plus respectueuses et distinguées. yan.
Merci Yan pour votre témoignage. Merci surtout de votre amour pour ce pays qui transpire à chaque mot.
Bien amical Chalom
Très beau et très juste, Arnold. A un détail près, cependant. Cette vue du coucher de soleil sur Jérusalem, lors de ma première visite à l’âge de douze ou treize ans, j’en avais gardé un souvenir si frappant que quelques années plus tard, devenu adulte, j’avais tenu à monter à nouveau sur le Mont des Oliviers. Seulement, cette fois, sur le chemin, je me rendais compte peu à peu que l’entreprise était devenue plus dangereuse qu’auparavant. J’eus droit au magnifique spectacle, mais non sans une inquiétude tenace. Ce n’est pas sans quelques instants de frayeur contenue sur mon parcours que je pus finalement me retrouver de retour dans le quartier juif et pousser un grand soupir de soulagement. Ce jour là, j’avais pris des risques. Vous nous parlez de l’obligation de visiter Israël et de ce qui serait une étape indispensable de cette visite, mais cela suppose que le Mont des Oliviers soit en Israël. Parce que sinon, ça devient vraiment difficile. Mais voilà, apparemment, beaucoup de Juifs, et même beaucoup d’Israéliens, n’ont pas encore compris que ce lieu est en Israël.
Le Mont des Oliviers peut-il être ailleurs qu’en Eretz Israël? Je suis sincèrement déçu, qu’en ce qui me concerne, vous ayez pu penser qu’il en fût autrement.
Bien cordial Chalom
Arnold, ce n’est pas que j’ai pensé cela en ce qui vous concerne. J’ai voulu dire que le fait qu’il ne puisse être ailleurs ne me semble pas être évident pour tous ceux qui acceptent d’envisagent un Etat arabe en Judée avec le partage de Jérusalem, par exemple.
En faisant cette réflexion, je pense par exemple à la position officielle exprimée par le porte-parole de l’ambassade d’Israël sur son blog, où il écrit que « la cause palestinienne, comme la cause d’Israël, est une cause juste » (sic). Plus généralement, Israël n’assume pas du tout la récupération de la Judée-Samarie en 1967 et cela a des conséquences sur les conditions dans lesquelles il est possible de visiter Eretz Israël.