Depuis Prométhée qui arracha le soleil aux Dieux et en fit profiter les hommes, la lumière a toujours entretenu avec les mortels une relation équivoque, à tel point qu’au Vème siècle avant JC, ils l’assimilèrent au divin avec le pressentiment que l’homme qui ne voyait pas allait au néant : ainsi naquit Apollon qui devint le soleil. Une intuition de ce type habita le pharaon Akenaton qui établit un véritable culte à l’astre solaire.
Chacun sait que les plus grandes angoisses frappent la nuit et l’enfant qui refuse de dormir, accompagne souvent son inquiétude de la nécessité d’entrevoir la lumière. Les hommes ont toujours étaient hantés par la crainte que le soleil puisse ne pas se lever. C’est la raison pour laquelle, en hiver quand le soleil se couche tôt, les barbares allumaient de grands feux en forêt pour redonner force et vigueur au soleil déclinant. Ainsi est né l’arbre de…Noël !
Après l’effroi de ne plus voir clair est née chez les philosophes la crainte de ne pas voir juste qui fut si aïgue que certaines écoles s’abstenaient de philosopher le soir. Mais la lumière, repérée très vite comme essentielle, chez les Grecs, notamment, devînt très vite divine. C’est-à-dire que la recherche de la lumière apparut très tôt comme la base de toute recherche philosophique. Il y avait les hommes de vérité que le soleil gratifiait de bienfaits et les « hommes de l’ombre » qui fondèrent leur supériorité sur l’aveuglement. On sentira, au passage, le besoin de la souffrance comme expiation qui annoncera le christianisme.
Voir juste, voir bien, devenait idéal de vie et quand Œdipe se rendit compte de l’horreur dont il s’était rendu coupable, il se creva les yeux, estimant que son crime le dispensait désormais de bénéficier de la première joie, celle de voir.
La vue qui deviendra vision évoluait en objet de jouissance. Chez les Chrétiens elle devint idéal contemplatif et son expression artistique fut le vitrail. Chez les Hébreux, voir ne prit son sens que lorsqu’Abraham vit que les idoles avaient des yeux mais ne voyaient pas. Naquit alors une conception du monde et de l’homme où voir n’engageait pas le processus humaniste mais restait une vertu passive. C’est une des définitions du paganisme : voir devient objet, aboutissement. L’homme se voit et voit le monde sans ambition de changer quoi que ce soit.
L’idéal hébraïque va corriger cette conception en insistant sur la mission de la lumière. Eclairer le chemin de l’homme, parce que voir, c’est voir pour faire, voir pour changer, voir pour améliorer. On s’éloigne de l’idéal Grec et l’on entre dans une autre dimension, celle de l’humanisme.
Le Maître n’est pas seulement celui qui sait mais celui qui voit, qui sait voir dans les engendrements de l’histoire. Roé ète hanolad ! Voir devient un agent de la Rédemption qui participe au progrès en voyant ce qui est mal et qui le dit.
C’est là le sens de la fête de Hanoucah que je vous souhaite à toutes et à tous joyeuse et sereine.
NB/ Les enfants de nos amis non Juifs écrivent parfois au Père Noël pour établir la liste des jouets qu’ils souhaitent recevoir et vos enfants ou petits enfants témoignent à ce sujet un sentiment de frustration. Invitez-les à écrire à la « petite flamme ». Vous prouverez que le sens du « merveilleux » n’est pas mort chez les Juifs. Et lors de l’allumage, soufflez légèrement sur la Hanoukiah après avoir posé à la petite flamme, une question du genre « Tu viens de Jérusalem et tu dois être fatiguée ? Dites que la flamme qui tremblote, c’est la petite flamme qui répond. Regardez alors les yeux des enfants, insistez, fixez les. Vous retrouverez vos propres yeux d’enfant. Ceux qui voyaient vrai en attendant de voir juste !!!
Bonjour, je me permet de vous souhaiter une joyeuse fête de hanouka ainsi qu’à toutes celles et ceux qui comptent pour vous.
Hag samea hanouka.
Particulièrement sensible aux voeux que vous formulez à mon intention à l’occasion de Hanouca, permettez qu’en retour, je souhaite que vous soyez gratifié de cette lumière qui vous évitera les pièges et vous conduira sur le chemin lumineux.