La lettre du souverain pontife aux évêques du monde est venue tout d’abord rappeler à ces derniers que le souverain pontife reste le seul maître de l’Eglise, qu’il n’entend faire de compromis avec quiconque sur l’exercice de son autorité qui reste dogmatiquement exclusive et infaillible.
Concernant la levée de sanction des évêques intégristes, il déclare que cette mesure lui est dictée par la miséricorde et le souci de l’unité de l’Eglise.
Quant à Williamson, il soutient que l’accès « à Internet aurait permis d’avoir rapidement connaissance du problème. » Il ne précise pas la nature des conséquences qui auraient découlé d’une prompte information à ce sujet.
Qu’est ce à dire ? Que mieux informé, par Internet de surcroît, le pape n’aurait pas levé l’excommunication de Williamson ?
Le Vatican n’est-il pas un Etat moderne disposant de moyens d’information puissants et sophistiqués ? Un évêque intégriste qui va être réintégré dans l’Eglise n’est-il pas l’objet d’une « attention » particulière ?
Plus essentielle, parce que révélatrice de l’idée qu’on se fait à Rome des Juifs, du Judaïsme et d’Israël, la position relative à Vatican II. Le pape écrit :
« Il doit aussi être rappelé que Vatican II renferme l’entière histoire doctrinale de l’Eglise. Celui qui veut obéir au Concile doit accepter la foi professée au cours des siècles et il ne peut couper les racines dont l’arbre vit.
Mais « l’entière histoire doctrinale de l’Eglise, la foi professée au cours des siècles et les racines » tout cela relève d’un anti-judaïsme véhément !
Dans la Déclaration de repentance envers les Juifs, des évêques de France proclamaient à Drancy en 1997 :
«…pendant des siècles a prévalu dans le peuple Chrétien, jusqu’au Concile Vatican II, une tradition d’antijudaïsme marquant à des niveaux divers la doctrine et l’enseignement chrétiens, la théologie, et l’apologétique, la prédication et la liturgie. Sur ce terreau a fleuri la plante vénéneuse de la haine des Juifs… »
Si l’on avait cru, avec ces évêques, que Vatican II marquait une rupture avec ces temps honnis, Benoît XVI est venu nous rappeler la conformité de « l’entière histoire doctrinale de l’Eglise ! » Dont acte.
Arnold Lagémi
