En parcourant le Séfer Hakhinouh qui a pour vocation d’expliquer chaque Mitsva, on est surpris du nombre de fois où toutes les formes de recours au surnaturel sont évoquées pour être condamnées avec sévérité. On va même jusqu’à interdire de « tenter de se guérir par des incantations sur des versets bibliques. »
Les « esprits forts » ayant circonscrit le surnaturel comme relevant de « l’esprit religieux » estimeront que cette partie de la Thora ne concerne pas les hommes et les femmes de notre temps. Rien ne serait plus erroné et dangereux que cette approche. Plus que jamais, dans l’histoire de l’humanité, on a tenté de s’exprimer par le surnaturel, le confondant avec le subjectif. Mais d’abord qu’est-ce que le surnaturel et pourquoi sa pratique expose t-elle à de redoutables dangers.
Tout ce qui éloigne, distrait l’homme de sa vocation terrestre relève du surnaturel. Qu’est-ce à dire ? Il y aurait un surnaturel laïc, voire athée ? Recourir à l’assistance du surnaturel ne se limiterait pas au spiritisme, à la magie, à la nécromancie etc ? Certainement pas, on réduirait la définition à une caricature et l’on s’éloignerait de ce que Loi de Moïse entend par là.
On l’a bien compris, il y a plusieurs niveaux de définition au surnaturel qui peut aussi être la sollicitation de forces dont on requiert ou redoute l’assistance. La Thora en proscrit la pratique, parce que son usage éloigne l’homme de sa vocation historique. Le domaine retenu pour cette petite réflexion concernera essentiellement le surnaturel entendu comme déviation psychologique. Ou, si l’on veut, comme la « mise en marche » d’un état d’esprit alimenté par le concours de forces échappant aux caractéristiques naturelles. Par exemple, la Thora interdira la pratique des « des paroles de charme », des paroles censées exercer une influence sur le comportement des humains ou des animaux, les charmeurs de serpents, par exemple.
Or, notre civilisation n’est-elle pas fondée sur la communication ? C’est-à-dire sur l’art et la manière d’influencer le comportement sous prétexte d’échanger, de communiquer ? Communiquer, de nos jours, c’est bien plus interpeller les forces irrationnelles dont chaque homme dispose avec une intensité variable qu’exposer objectivement les données dont on veut s’entretenir. La « force de vente », le « marketing » n’ont-ils pas tendance à créer le réflexe d’acheter en stimulant les zones cérébrales de décision où le surnaturel ne demande qu’à être appelé ?
La conversion d’une partie de l’opinion aux thèses palestiniennes, n’est-elle pas cette exaltation des sentiments irrationnels de justice, d’émancipation où le « charme » consiste à présenter des enfants jetant des pierres face à des tanks. On n’expliquera rien, on ne démontrera rien. On se limitera à distribuer des « images charmeuses ». Peu importe qu’elles soient mensongères. L’essentiel est que le charme opère la transformation des consciences. Et bien, la Thora interdit de recourir à l’irrationnel, voire au surnaturel, pour faire triompher quoique ce soit. Parce que, l’irrationnel s’oppose à la vérité dans la mesure où il vise à faire agir par réaction et non par réflexion.
L’homme ne fonde pas sa vie sur des impressions !
Impossible de conclure sur un tel thème sans évoquer le rêve dont l’interprétation n’est pas toujours licite. Freud soutenait même que certains rêves viennent d’une partie de l’inconscient « où règne le néant ».
En écoutant certains leaders politiques charismatiques, il est patent que ces hommes de génie ne s’adressent pas à l’objectif, au rationnel mais qu’ils tentent de faire remonter l’amertume des impressions, des blessures, des humiliations afin d’en faire des moteurs puissants pour entraîner, galvaniser. Hitler parlant devant des foules subjuguées, tombées « sous le charme » en est l’exemple le plus « parlant. »