Les « grands textes chrétiens » sur Israël et les Juifs. François de Salignac de La Mothe FENELON (1651 – 1715 )
« J’aperçois dans un coin du monde un peuple tout singulier. Tous les autres courent après les idôles ; tous les autres adorent aveuglément une multitude monstrueuse de divinités vicieuses et méprisables, ce peuple qu’on nomme les Juifs, n’adore qu’un seul D.ieu, créateur du ciel et de la terre ; sa loi essentielle à laquelle tout son culte se rapporte l’oblige à aimer D.ieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toutes ses forces.
Ce peuple circoncis a dans sa loi une circoncision du cœur, dont celle du corps n’est que la figure ; et cette circoncision du cœur est le retranchement de toute affection qui ne vient pas du principe de l’amour de D.ieu.
Je ne trouve ce culte public d’amour que chez le peuple juif Les païens ont craint leurs faux dieux ; ils ont voulu les apaiser ; ils leur ont donné de la graisse, du sang…..mais ils ne leur ont jamais donné leurs cœurs ; ils n’ont jamais eu la pensée de les aimer.
Ainsi, en parcourant toutes les nations de la terre……..Je ne vois que le peuple juif qui adore le vrai D.ieu et qui connaisse le culte d’amour. »
Lettres au duc d’Orléans – Lettre I – Chap V § 3. Œuvres complètes-tome I p 98 – Paris – Leroux et Juby 1851.
Dans cette correspondance au duc d’Orléans, après avoir évoqué la nature de la relation que les « Anciens » entretenaient avec leurs Dieux d’abord fondée sur la crainte, FENELON affirme que le peuple juif fut le premier à reconnaître une attache filiale entre les hommes et D.ieu, c’est-à-dire un lien d’amour.
Israël fut le premier peuple à admettre que si la crainte caractérise le rapport entre divinité et créature, elle implique aussi l’amour qui n’étant pas réducteur et inhibant, ouvre la conscience à diverses perspectives. Fénelon, apporte là un complément essentiel à la connaissance de l’antiquité et du paganisme qui sombrent dans la disqualification, dès qu’Israël, reconnut le premier que D.ieu n’est pas seulement notre Roi, mais aussi « notre Père ! »
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