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Le Judaisme a t-il encore un avenir ?
Cette question n’est ni une provocation, ni la marque de l’insolite. Je me la suis posée en voyant mon petit fils ôter son tsitsit catan (châle de prière) tout naturellement, comme un vêtement ordinaire.

Ma première impression, a été pour mes parents qui ont vécu « hors la synagogue, tout est Salut » Mais le naturel avec lequel ce gamin de neuf ans a accompli ce geste, n’a pu vaincre la force de l’interrogation, ni mettre un terme aux perspectives nuancées d’émotion que son attitude suscitait.

Pour la vérité et la justesse des mots, je n’utiliserai pas dans cet exposé, le terme Judaïsme, pour désigner la pratique des rites Juifs mais culture juive. La raison ? C’est que le terme Judaïsme n’existe ni dans la Thora ou le Talmud, qu’il est né tardivement, vers l’an 1000, inventé par les païens ou les Chrétiens pour désigner une invention chrétienne : la religion juive! Laquelle religion n’a pas sa traduction en hébreu. Dati, signifie religieux mais concerne tout autant, les Chrétiens, les Musulmans, les Juifs, les Hindouistes etc…

Rien de spécifiquement Juif dans ce mot. Tout au plus existerait Yaadouth, pour religion, mais le terme nous renverrait d’abord par sa racine à la Judée. Juif se traduit en Hébreu par Yéoudi, homme de Judée. Il est intéressant de noter que la définition même de Juif est inséparable de l’histoire et de la terre de Judée et d’Israël. Je ne sais s’il existe d’autres cas similaires. C’est parce qu’ils étaient de la tribu des Francs que ces derniers nommèrent la France. C’est parce qu’ils étaient Germains qu’ils appelèrent leur pays la Germanie et non l’inverse !!! Cela n’est pas qu’une question de linguistique. Il y a là une manière de voir l’homme et le monde. Dans le premier cas, c’est l’homme qui fixe le projet pour la terre, c’est cela nommer. Que ce soit un pays ou un être humain.

Dans l’autre exemple, c’est la terre qui est reconnue comme inséparable de l’homme à un point tel que celui-ci y tire son nom, c’est-à-dire la nature de son destin et celui de la terre où il vit. Dans un cas, l’homme établit des distances avec la terre, « mon royaume n’est pas de ce monde » disent les Evangiles. Dans l’autre, privé de sa terre, le Juif n’existe pas, ès qualité de Yéoudi, homme de Judée.

L’implication philosophique est immense car elle souligne les orientations radicalement opposées des Juifs et des non Juifs. Pour la culture juive, sans la terre qui donne un sens à sa vie, le Juif est frustré de n’être que spectateur de l’histoire, alors que, pour les non Juifs, c’est souvent, par l’effort manifesté pour s’extraire de l’histoire, que se définira son mode et son idéal de vie. Mais là n’est pas mon propos.

Il n’y a pas de doute que le Yéoudi ayant retrouvé sa Judée, sa culture ne peut plus être semblable à celle de ses parents ou de ses grands parents qui en furent privés. Son mode de vie impliquera nécessairement la terre d’Israël, soit pour y inscrire le cadre de sa vie, soit pour s’y opposer, mais toujours, par rapport et en relation à la terre.

Dans ces conditions, et c’est avec intention que j’emploie le mot, le Judaïsme a vécu. C’est maintenant le temps de la Renaissance des hébreux.

Arnold Lagémi           www.terredisrael.com.

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