« Un peuple est menacé d’être détruit. Un peuple qui ne veut pas la place des autres et qui ne demande qu’une petite place pour vivre dans le monde.
Un peuple qui a droit à la vie autant que les autres, et plus que les autres. Un peuple qui ne veut pas avoir des colonies ou des satellites. Un peuple qui a droit de vivre plus que tout autre, parce qu’il a été le plus calomnié, persécuté, torturé. Un peuple, le seul qui croit authentiquement à la morale en politique, chose dont on parle tant en ce moment parce qu’on n’y croit pas.
La loi punit le délit de non-assistance à personne en danger. Quelle loi pourrait punir la non-assistance d’une nation en danger? Une nation est menacée de génocide. Les autres nations se trouvent des excuses pour ne pas agir, se désolidarisent pour de fausses raisons, sont indifférentes.
Pourvu que cela ne se passe pas chez nous, pourvu que nous ne soyions pas tués, qu’est ce que cela peut faire qu’on extermine les autres?
Eugène IONESCO.
(Trait d’Union, N° 143/144 – Juillet/Août 1967