DAVID BEN GOURION : « Ce n’est pas l’Etat qui accorde aux juifs le droit de venir s’installer ici, car ce droit n’a jamais quitté le juif ! »
Il est significatif de considérer que le récit biblique conférant les particularités identitaires du peuple Juif, ne sépare jamais celles-ci d’une référence obligée à la promesse d’accorder « la terre de Canaan à Abraham et à ses descendants. Les récits postérieurs ainsi que la littérature rabbinique confirment cette orientation avec une telle amplitude que Rachi dans ses célèbres commentaires ira jusqu’à dire : « Que le comportement des Juifs hors des frontières n’est guère différent, de ceux qui vivent « sans D…) Et si l’obligation de vivre sur la terre d’Israël n’est pas une des 613 mitsvots, c’est parce qu’il s’agit là du cadre, hors duquel les mitsvots sont inapplicables.
EXTRAITS DE LA DECLARATION D’INDEPENDANCE :
L’État d’Israël sera ouvert à l’immigration des juifs de tous les pays où ils sont dispersés ; il développera le pays au bénéfice de tous ses habitants; il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël
La terre d’Israël est le lieu où naquit le peuple juif. C’est là que s’est formée son identité spirituelle, religieuse et nationale. C’est là qu’il a réalisé son indépendance et créé une culture qui a une signification nationale et universelle. C’est là qu’il a écrit la Bible et l’a offerte au monde.
En conséquence, nous, membres du Conseil national représentant le peuple juif du pays d’Israël et le mouvement sioniste mondial, réunis aujourd’hui, jour de l’expiration du mandat britannique, en assemblée solennelle, et en vertu des droits naturels et historiques du peuple juif, ainsi que de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, proclamons la fondation de l’État juif dans le pays d’Israël, qui portera le nom d’État d’Israël.
Confiants en l’Éternel Tout-Puissant, nous signons cette déclaration sur le sol de la patrie, dans la ville de Tel-Aviv, en cette séance de l’assemblée provisoire de l’État, tenue la veille du shabbat, 5 Iyar 5708, quatorze mai mil neuf cent quarante-huit. »
Il est toujours étonnant de considérer la fraction du peuple Juif, s’avouant en rupture avec la Tradition ou l’histoire, et manifester cependant un attachement à une fidélité inspirée par une vive considération des tenants et aboutissants par lesquels la civilisation hébraïque reste habituellement connue et reconnue. Cette affection va au-delà de la vertu patriotique.
Si pour certains elle s’exprime par les obligations de l’allégeance religieuse, elle reste pour d’autres l’aveu d’une référence historique de nature imprécise, d’où il sera périlleux de prétendre y voir l’agnosticisme de façade ! Cette tendance plutôt laïque tenta de débarrasser l’héritage traditionnel de la connotation spirituelle. Mais cette démarche ne saura pas, toutefois se dispenser d’admettre par le geste ce que le discours rejetait.
Sait-on que l’Indépendance devait être proclamée au moment même où les Anglais abandonneraient la Palestine et que Ben Gourion s’y opposa parce que cela obligeait à ne pas tenir compte du Shabbat?
Rédigée par le « Père de la nation », la Déclaration d’Indépendance confirme, par les références à la tradition d’Israël, véritables pierres angulaires qui réunissent la Nation juive, son histoire, ses vertus, ses Pères Fondateurs, sa Loi et son D.ieu, le caractère délibérément « Juif de l’Etat ».
Son auteur ne se privant pas d’invoquer l’assistance divine et précisant que sa conception de la justice sera celle des prophètes , on ne peut s’empêcher en considérant la défection du monde rabbinique, à l’édification de l’Etat d’y voir comme une disqualification d’un comportement qui pour avoir démontré une mémoire excellente au rappel des règles n’a pas compris qu’il leur fallait savoir dire ce qu’ils avaient compris et non ce qu’ils avaient appris!(règle de pédagogie juive, selon un enseignement du Rav Simsovic)