Amis connus et inconnus de France, un Français d’Israël imagine votre peine. Il ferme son livre de prières et « ouvre » son PC.
SAMEDI les Juifs observants n’écrivent pas! Pourtant, à Auschwitz, le premier soir de Pâques un célèbre Maître réunissant ses élèves et ayant fait la bénédiction sur le pain, le distribua à ses compagnons éberlués. Il n’échappa pas à la question:
« Rabbi, ce soir, c’est Pessah, nous devons manger de la matsa » La réponse fusa: »aucune règle ne tient devant la priorité de la vie! Nous n’avons que du pain. Alors…
AUJOURD’HUI, MES FRÈRES DE FRANCE SONT DANS LE MALHEUR!
Je veux qu’ils sachent que la priorité pour les Juifs est de les assurer que la longue habitude des tourments nous rapproche d’eux, bien plus qu’elle nous ene éloigne. Cette assurance de proximité, du malheur partagé, l’unité qui en est l’effet, me renforcent dans l’assurance que le Roi David, et, même, Moïse, notre Maître, sont à mes côtés au moment où je vous écris et qu’ils approuvent ma conviction que la souffrance des hommes si elle peut être allégée, doit être combattue sans délai! Surtout la souffrance imposée par les griffes de la bête féroce. Savoir que sa peine, celle de l’innocence, est volontairement partagée par d’autres, quand bien même elle ne la supprime pas, atteint celui qui la ressent dans son sentiment du partage qui reste un des mystères de la condition humaine.
FRANÇAIS, LES JUIFS ONT MAL, depuis longtemps, mais aujourd’hui, le mal est plus vif . Votre douleur provoque des sanglots qui traversent les murs! L’enfant qui est encore en moi, entre estomac et foie me persuade que plus on est à le dire, moins la part de chacun sera importante Il m’est apparu important de vous révéler que si je ne vous le disais pas, en vérité ce serait là, la vraie profanation.
Français mes frères, avec vous, dans l’épreuve, jusqu’à la mort de la bête. D’Israël, recevez, en ce jour de shabbat l’assurance de mes sentiments qui s’inscrivent dans la fraternité car les larmes répandues par votre douleur si elles ont pu influencer les miennes à se jeter aussi dans le vide c’est qu’il y a là quelque chose qui, tonnerre de Brest ressemble bien plus aux sentiments familiaux, qu’on ne le croit.
CHABBAT CHALOM
Arnold Lagémi