(Napoléon 1er et les Israélites par l’abbé Joseph Lémann 1894 -Librairie Victor Legoffre.)
Dans le décret de 1808 concernant les synagogues et les Consistoires apparaissent également des articles concernant les rabbins ; articles qui sauvent leur existence et érigent leur autorité à une hauteur inespérée, puisque désormais les rabbins seront considérés religieusement et civilement sur la même ligne que les prêtres catholiques. Napoléon ne crée pas, pour autant, la fonction rabbinique qui existait avant l’exil.
Sa décision confère cependant aux Juifs, à leurs maîtres surtout, le pouvoir de réactualiser la peur, voire l’effroi qui depuis Constantin accompagnaient la perspective d’un Renouveau historique de la Nation Juive. La promotion de droits au bénéfice des rabbins, identiques à ceux reconnus aux prêtres catholiques légitimait une fonction existante certes, mais dans une quasi-clandestinité. La promotion voulue par le vainqueur d’Austerlitz pour des motifs restant supposés officialisait la fonction d’une dignité telle que les titulaires regardés comme porteurs des lauriers impériaux jouissaient de la considération rare d’avoir été distingués par Sa Majesté Impériale.
Cette considération, « révolutionnaire » officialisant le mandat de représentativité que le peuple Juif accorde aux Docteurs de la Loi est une des étapes déterminantes dans le réveil de la Nation juive orchestré par l’Empereur. Cette « Résurrection » conduira quelques années plus tard à la décision royale :
Louis Philippe, roi des Français, à tous présents et à venir, salut,
Les Chambres ont adopté, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit, Article unique : A compter du 1er Janvier 1831, Les ministres du culte Israélite recevront des traitements du trésor public. La présente loi discutée, délibérée et adoptée par la Chambre des pairs et par celle des députés et sanctionnée par Nous aujourd’hui sera exécutée comme loi de l’Etat.
Fait à Paris, au Palais Royal, le huitième jour du mois de Février l’an 1831
Signé Louis Philippe
La rédemption d’Israël par Napoléon tenant une place dans la volonté impériale que ne justifie pas l’existence d’une cause dont elle serait l’effet autorise à soutenir que la « génération spontanée » si elle est infondée en biologie ne l’est pas pour autant dans le jaillissement de l’impératif moral qui, sans cause, prend réalité, ainsi démontrée par cette volonté de justice qui, d’elle même, et par elle même est en mesure de démontrer la possibilité de l’homme d’exception de « faire naître » spontanément » sans le recours d’un agent extérieur la vérité d’un principe. (AL)
Cette proximité « impériale » à l’égard des Juifs, que poursuivra le peuple Corse durant les sombres heures de la Collaboration, reste un des mystères les plus épais de ce rapprochement judéo-chrétien bien plus convaincant que toutes les initiatives d’organisations au même nom !